Cela fait plus d’un an déjà, et je n’ai pas encore fini de tout vous raconter. Ecrire ce genre d’articles prend du temps mais il faut dire que c’est toujours un plaisir pour moi de me remémorer ces bons moments, de choisir les photos, etc.
La dernière fois, je vous avais laissés dans la fournaise de Death Valley. Nous quittons les 51 degrés, et nous nous réfugions dans l’air climatisé de la voiture. En route !
Petit à petit, le paysage change. Nous apercevons les premières neiges éternelles de notre séjour, quelques heures seulement après avoir quitté un sauna désertique. C’est ça aussi la Californie ! Nous arrivons enfin à Mammoth Lake : nous nous trouvons à plus de 2 000 mètres d’altitude sans presque nous en être rendus compte. L’espace est tellement immense qu’on reste sur la nationale, et on grimpe tranquillement. En France, pas d’arrivée en station sans avoir emprunté d’abord une route en lacets sur plusieurs kilomètres.
Nous sommes vraiment dans une station de montagne : des forêts de grands pins nous entourent, nous apercevons des chalets en bois et même des remontées mécaniques. Arrivés au motel, nous sortons de la voiture. L’air nous parait frais, il ne fait que 24 degrés, nous ne sommes plus habitués ! Nous enfilons nos sweats. Pas de repos pour les braves ! Il est 16h30, alors il est encore temps d’aller voir les fameux lacs de Mammoth Lake avant que le soleil ne se couche.
Mammoth Lake Basin est une région qui compte de nombreux lacs d’altitude. J’adore ce genre de paysages, surtout lorsqu’il fait beau comme aujourd’hui, quand la lumière du soleil se reflète dans l’eau et que le bleu du ciel rend les lacs encore plus émeraudes.
Nous empruntons Main Street puis la Lake Mary Road. Nous suivons ensuite la Twin Lakes Road : une petite route qui permet de suivre la rive Est de deux lacs. Nous arrêtons la voiture de temps en temps pour prendre des photos : des pins immenses entourent l’eau, quelques barques en troublent la surface, tandis que des pêcheurs patientent devant leur ligne. L’atmosphère est paisible, empreinte de sérénité, ça change de Las Vegas ! Le prochain lac que nous longeons est le Lake Mary, le plus grand du coin puis nous continuons vers le Lake George et enfin le lac Mamie. Il y a de nombreux campings dans le coin, nous croisons nombre de randonneurs et de VTTistes. Nous garons la voiture et empruntons un petit sentier qui nous mène à un superbe point de vue, le Twin Falls Overlook. Il est situé au niveau du trop plein de Lake Mamie, qui se déverse jusqu’aux Twin Lakes dont nous avons d’ici un superbe aperçu. C’est magnifique.
Nous reprenons la route en direction de Horseshoe Lake et nous arrivons près d’une zone où la concentration en CO2 dans le sol est tellement forte qu’elle tue toute vie végétale : tous les arbres sont morts, sans feuilles, nus, et blancs comme des squelettes. Cela fait un drôle d’effet. Surtout que juste à côté, la vie suit son cours. Pourquoi précisément à cet endroit là ? Je n’ai pas la réponse !
Nous sommes en voiture quand soudain le SUV qui est juste devant moi se range sur le bas côté en mettant ses feux de détresse. Je vois le passager sortir précipitamment de la voiture, caméra au poing. Je sens qu’il se passe quelque chose alors je l’imite. C’est un ourson ! Il gambade joyeusement sur le terre plein qui surplombe la route. Mes trois loulous descendent de la voiture et essaient de le suivre, comme plusieurs autres touristes, mais pas de trop près quand même. A l’hôtel, il y a des affiches qui avertissent les clients de ne pas laisser de nourriture visible dans la voiture sous peine de la voir fracturée par un urcidé en quête d’un petit en-cas. C’est la première fois que nous voyons un ours évoluer dans son milieu naturel, j’avoue que je n’aurais pas été rassurée si j’avais dû le croiser au détour d’un chemin.
Le lendemain, après un gros petit déjeuner, nous nous engageons sur l’US-395 Nord. Au programme ce matin, Mono Lake. Nous nous rendons d’abord au Mono Basin Scenic Area Visitor Center : le lac Mono couvre une surface de 180m2 alors il vaut mieux savoir exactement à quel niveau il est préférable de s’arrêter. Les rangers nous donnent une carte et nous confirment que si nous souhaitons voir les tufs alors il faut se rendre à South Tufa. J’en profite pour demander également la carte du Yosemite National Park que nous visiterons demain.
Le site est bien aménagé. Un chemin goudronné puis en lattes de bois part du parking et nous amène jusqu’à la rive. Mono Lake est l’un des plus anciens lacs d’Amérique du Nord, il est ce qu’il reste de la mer emprisonnée il y a 800 000 ans.
Le lac est salé, très salé, bien plus que l’océan. Aucun poisson ne peut y vivre. Par contre, on y trouve une espèce de crevette, l’Artemia Monica, qui fait office d’en-cas pour nombre d’oiseaux migrateurs. Il est tellement salé qu’il est, parait-il, impossible de couler, on flotte sans effort ! Un peu plus loin, une plage est aménagée pour pouvoir se baigner et tenter l’expérience. Je n’ai pas mis mon maillot, quel dommage !
La physionomie du lac a bien changé depuis les origines. Comme aucune rivière n’en ressort, il ne perd de l’eau que par évaporation. Sauf que vers 1941, le comté de Los Angeles, craignant un manque d’eau, a fait construire un aqueduc. Quatre des cinq rivières qui alimentaient le lac furent captées. Le niveau d’eau a alors baissé de 15 mètres, révélant les tufas. Les habitants de la région ont réussi, depuis, à reprendre possession de leur lac. Le niveau remonte peu à peu.
Nous découvrons donc les fameux tufs, qui surgissent hors de l’eau telle des sculptures. Ce sont des concrétions d’argiles cimentées à la chaux hydraulique. Nous lisons un panneau qui nous explique qu’ils sont nés d’une réaction chimique qui se produisait dans l’eau grâce à la rencontre des eaux chaudes des sources souterraines, sous pression, et riches en ions calcium, avec l’eau plus froide du lac chargée en carbonate. Il se formait donc des amas de calcaire au niveau des embouchures des sources, et petit à petit, ils ont pris de la hauteur, formant ces tours minérales au look très particulier et assez photogénique.
Il est 11h lorsque nous quittons le site pour reprendre l’US-395 Nord. Juste après Dog Town, nous bifurquons à droite sur la CA-270 Est. La fin de la route se fait sur une piste interminable, en pleine montagne. Il est presque midi lorsque nous nous garons enfin sur le parking, après avoir patienté au « péage ». Nous voilà dans un State Historic Park donc le National Pass n’est pas accepté ici. Bodie, c’est parti !
Nous avons acheté le plan pour ne pas nous balader au hasard et connaitre les détails croustillants de chaque maison. Nous sommes en effet dans une des nombreuses villes fantômes des Etats-Unis. Elle est maintenue dans un état de délabrement arrêté. C’est à dire que les toits, les fenêtres, les fondations sont réparés mais pas restaurés. Ils sont maintenus dans l’état qu’ils avaient en 1940. Certains bâtiments penchent dangereusement, nous nous demandons bien par quel miracle ils sont encore debout.
Aujourd’hui, il reste seulement 5% des maisons et des bâtiments qui formaient la ville en 1880. Il faut dire que Bodie a connu plusieurs incendies ravageurs.
Tout commence lorsque W.W. Bodey découvre de l’or ici en 1859. Malheureusement, le pauvre gars meure quelques mois plus tard dans une tempête de neige, et n’aura pas l’occasion de voir la ville qui lui rend finalement hommage. Jusqu’en 1875, la mine vivote. Mais cette année là, une partie de la mine s’effondre, révélant un excellent filon d’or. On se passe le mot et c’est le boom. La petite ville va atteindre une population de 7 à 8000 âmes quelques années plus tard.
Sur la période 1877-1881, Bodie compte pas moins de 30 mines différentes, 2 banques, une voie de chemin de fer et environ 60 saloons !
Le filon s’essouffle et les mines ferment peu à peu, les unes après les autres. Cela va assez vite. En 1886, il ne reste plus que 1500 habitants. Malgré tout, l’activité se maintient. En 1932, un petit garçon joue avec des allumettes et provoque un incendie qui détruit 90% de la ville. Sale môme ! La dernière mine ferme en 1942. Pour finir, le dernier propriétaire vend la ville à l’Etat de Californie, en 1962, pour conserver ce qu’il en reste.
Les maisons et les différents bâtiments sont numérotés et le guide donne des indications sur le nom des propriétaires ou la fonction (saloon, banque, magasin…). La plupart des maisons sont fermées mais à travers la vitre, nous apercevons des meubles et objets anciens, abandonnés là lors du départ de leur propriétaire. Nous visitons aussi la prison. De la banque, il ne reste que le coffre fort.
La visite est agréable, cela change des parcs et plait aux enfants. C’est touristique bien entendu mais ce n’est pas non plus la grosse foule donc on peut facilement s’isoler pour prendre des photos.
Voilou, je m’arrête là pour aujourd’hui. La prochaine fois, nous traverserons le parc Yosemite avant d’atteindre San Francisco. Stay tuned !